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Des huîtres en fin d’année, mais jusqu’à quand ?

La période de fêtes qui se profile reste propice à la consommation d’huîtres, mais des scientifiques alertent sur l’alliance du déséquilibre de l’écosystème côtier et du réchauffement climatique.

Immergée en permanence dans l’eau, l’huître est une véritable sentinelle du climat. Des chercheurs nantais ont révélé une étude sur ce mollusque qui subit le réchauffement climatique.

Les ostréiculteurs de la façade atlantique sont, depuis une vingtaine d’années, victimes de périodes de surmortalité dans les nessains d’huîtres. La raison la plus fréquente est la présence d’un virus. Une équipe de chercheurs de l’Université de Nantes, de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), de l’Ifremer et du CNRS affirment que cette surmortalité devrait continuer et même s’aggraver à cause du réchauffement climatique. Après analyse de différents scénarios climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), les quatre chercheurs avancent que d’ici 2035 le risque de mortalité des huîtres françaises d’Atlantique sera équivalent à celui des mortalités extrêmes constatées ces 20 dernières années.

Aucune souche épargnée

Par ailleurs, l’acidification des océans, conséquence de la montée du mercure dans l’eau, rend plus difficile la fabrication de coquille. « A priori, les huîtres, contrairement aux oursins ou à certains planctons, résistent bien au PH prévu dans cent ans, mais on ne sait pas encore comment ce coquillage va réagir aux effets cumulés du dérèglement climatique : réchauffement, acidification, raréfaction du phytoplancton… »

Problème, pour stopper le carnage, impossible d’importer de nouvelles variétés indestructibles. La technique avait pourtant bien marché dans les années 1970, quand la variété creuse du Pacifique avait remplacé la portugaise, frappée par une épidémie. Cette fois, aucune souche n’est épargnée à travers le globe. On ne peut pas non plus vacciner les délicieux bivalves, leurs défenses immunitaires sont bien trop rudimentaires.

Les hivers trop doux, véritable fléau

Dans l’étude parue dans la revue Environnemental research letters, ils prouvent que les températures hivernales trop chaudes associées à de fortes précipitations causent durant toute l’année suivante des conditions environnementales catastrophiques pour les huîtres adultes, ce qui fait grimper en flèche la mortalité des mollusques. La hausse de la température est propice aux agents pathogènes, quant à l’augmentation des apports d’eau douce par les rivières affaiblit les populations d’huîtres.

Yoan Thomas, chercheur à l’IRD, souligne que l’exploitation des coquillages revêt une importance sociale, économique et culturelle primordiale. Cette production s’avère fragilisée par les pressions anthropiques et le réchauffement climatique. Il est donc selon lui urgent de baisser notre consommation énergétique et nos émissions de gaz à effet de serre afin de limiter la modification des écosystèmes côtiers.



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