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La-Croix-de-Savoie, 2ème hôtel bioclimatique français

Un hôtel écologique n’est pas forcément un hôtel labellisé... C’est ce que montre en Haute-Savoie, un hôtel indépendant : le 3 étoiles La Croix de Savoie qui fait office de véritable exemple pour tout ceux qui veulent se lancer dans la création d’un établissement bioclimatique.

Après le 3 étoiles La Gréé-des-Landes d’Yves Rocher, ouvert en 2009 dans le Pays de La Gacilly, en Bretagne, La Croix de Savoie, aux Carroz en Haute-Savoie, est le second hôtel français à s’afficher “bioclimatique”, le premier en région Rhône-Alpes. Certes, une autre aventure avait précédemment été annoncée, à la fin des années 2000, à Lavaur dans le Tarn (hasard, à côté d’un autre cosméticien, Pierre Fabre...), mais sans lendemain. Aux Carroz en revanche, l’hôtel-restaurant n’est pas une chimère. Il s’agit d’un 3 étoiles de 28 chambres qui a pris la place d’un petit hôtel-restaurant initialement construit dans les années 60. Le projet est celui d’une famille : celle d’Edwige et de Jean-Marc Tiret, et de Gaëtan, leur fils.

Matériaux écologique, orientation bioclimatique, énergies renouvelables...

C’est une “véritable démarche militante”, explique Jean-Marc Tiret. Le but, en 2008 était donc de créer un bâtiment bioclimatique, avec une tranche d’agrandissement et une autre de réhabilitation (qui finira en fait en tranche de reconstruction). Les efforts des Tiret ont été guidés par “l’objectif d’aller le plus loin possible dans le sens du développement durable. Pour cela, ils ont mis au point, avec le cabinet d’architecture spécialisé de Jean-François et Corinne Mermillod, une architecture dite “bénéfique”. Celle-ci intègre 8 critères avec entre autres des matériaux écologiques, une orientation bioclimatique, des énergies renouvelables, une harmonie avec la nature et avec nous-mêmes.

Les ascenseurs produisent de l’énergie à la descente

Quatre ans après, le bâtiment est bien “basse consommation” et l’établissement est devenu “un modèle de structure touristique en matière de développement durable”. Jean-Marc Tiret fait la liste de quelques-unes des réalisations. “Notre chauffage est au bois. L’eau chaude est fournie par des panneaux solaires thermiques. 80% des lumières sont des LED, et les autres, des ampoules basse consommation. Les ascenseurs produisent de l’énergie à la descente. Les isolations thermiques et phoniques sont très efficaces. Nous utilisons de la moquette recyclée. Les chambres ont du bois, de la pierre et du marbre. Nous contrôlons toutes les consommations d’énergie et chaque chambre est piloté de l’accueil. Nous avons également mis des contacts aux fenêtres pour passer en chauffage réduit quand on les ouvre”.

Récupération de l’eau pour les toilettes et la lingerie !

Au total, “nous consommons 1 tonne de CO2 alors que nous en aurions consommé 36 avec une chaudière au gaz. Sans chauffage nous ne tombons pas en dessous de 18 °c l’hiver ”, affirme le directeur. Mieux encore : “Nous récupérons l’eau de pluie qui sert pour les toilettes et la lingerie !” Si, si ! l’hôtelier l’assure : pour les toilettes et la lingerie ! Pour cela, Jean-Marc Tiret a même recu l’autorisation de la préfecture, ce qui n’est pas commun en France (où l’interdiction est la règle) et ce qui montre qu’il est possible d’interpréter les textes de manière à vraiment servir le développement durable. Bien sûr, aller au bout du concept de développement durable d’un seul coup ou presque a un coût : environ 5 millions d’euros, selon Jean-Marc Tiret qui a reçu comme aides 45 000 euros de son Département, 60 000 euros de l’Agence nationale des Chèques Vacances et environ 15 000 euros de l’Agence de l’énergie et de la maîtrise de l’énergie, soit environ 2,5% du coût total, la Région Rhône-Alpes n’ayant finalement rien donné.

Aucune demande d’écolabel

Mais Jean-Marc Tiret ne s’est pas engagé dans cette voie pour des raisons économiques. “Il s’agit juste d’un acte familial militant”, répète-t-il. Pour lui, ça ne vaut du reste à ce jour pas la peine sur le plan économique. “Celui qui ne résonne que sur le business ne fait pas ça. "Il faudrait que ce soit plus aidé", dit-il. La construction a coûté 30% plus cher qu’un bâtiment classique. Sur 20 ans, au prix de l’énergie d’aujourd’hui, le coût d’exploitation de ma chaudière bois équivaut à celui du gaz.”, argumente-t-il. Et le militant d’estimer qu’encore trop peu de clients se montrent réceptifs aux informations données dans les chambres. Certain de la valeur “exemplaire” de son hôtel-restaurant et ayant mis en place sa propre charte, le patron de La Croix de Savoie ne demandera pas de label, qu’il s’agisse de Clef verte ou de l’Eco Label. “Je ne vois pas l’intérêt et je regrette que cela ne soit pas gratuit”, lance Jean-Marc Tiret qui estime avoir fait le “maximum” pour avoir un établissement écologique tandis que d’autres “font le minimum” pour être labellisés... Il préfère donc maintenant accueillir des salons et des séminaires en lien avec le développement durable, ou participer lui-même à des présentations de sa démarche et de sa réalisation.



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