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Pêche en eaux profondes : l’Union européenne l’interdit

Après des années de négociations, Bruxelles a finalement interdit la pêche à plus de 800 mètres de profondeur dans l’Atlantique Nord-Est. Une décision importante pour préserver les fonds marins.

C’est un accord déterminant pour la protection des fonds marins. Ce jeudi, après des années de négociations, les institutions européennes se sont accordées pour interdire le chalutage au-delà de 800 mètres de profondeur. Une profondeur ramenée à 400 mètres dans les zones dites « d’environnement marin vulnérable ». Autre précision de cet accord qui remplacera le règlement de 2012 jusque-là en vigueur : dans les eaux autorisées, la pêche en profondeur ne pourra être pratiquée que si la zone a déjà été exploitée entre 2009 et 2011. Les contrôles seront renforcés, tout comme les sanctions en cas d’infraction.

Allier la pêche et l’écologie

Quatre ans après la publication des premières propositions de Bruxelles sur ce type de pêche, qui ne représente que 1 % des débarquements de l’Atlantique Nord, cet accord marque un véritable tournant. Dans un communiqué, la députée PS Isabelle Thomas, rapporteure du dossier de la pêche en eaux profondes, s’est félicitée. « Lorsque la Commission européenne avait initialement proposé une interdiction de pêche en eaux profondes, j’ai fait le pari que nous pourrions concilier les impératifs socio-économiques avec ceux de la protection environnementale, pour faire avancer la cause du développement durable. Contrairement aux affirmations des prophètes de malheur, nous avons réussi à trouver un équilibre entre l’effort de pêche et l’écologie », a-t-elle réagi. Il s’agit d’un « compromis équilibré qui protégera notre environnement et nos ressources halieutiques dans les eaux profondes tout en mettant un terme à l’incertitude à laquelle étaient confrontés les pêcheurs », a ajouté le commissaire européen chargé du secteur, le Maltais Karmenu Vella.

Effets dévastateurs

Dès juillet 2012, la Commission européenne avait souligné que la pêche en eaux profondes constituait « le plus grand risque de destruction des écosystèmes marins vulnérables et irremplaçables ». « Il aura fallu près de quatre ans entre la proposition de la Commission européenne et l’accord politique trouvé aujourd’hui et une extraordinaire mobilisation citoyenne, pour que l’Union européenne se dote enfin d’une législation qui permette pour la première fois d’interdire le chalutage en-dessous de 800 mètres, une pratique de pêche qui détruit durablement ces fonds marins profonds particulièrement vulnérables en allant chaluter jusqu’à 2000 mètres de profondeur », a déclaré le député européen écologiste Yannick Jadot ce jeudi. En raclant les fonds marins où vivent coraux et éponges, ce type de pêche entraîne en effet des niveaux élevés (20% à 40%) de captures non désirées et affecte des stocks vulnérables qui mettent des années à arriver à maturité pour se reproduire. Certaines espèces, comme les requins d’eaux profondes, sont particulièrement menacées par ce type de pêche.

Une mobilisation citoyenne qui a comptée

Cet accord signe aussi la victoire des associations de protection de l’environnement et des milliers de citoyens mobilisés pour interdire le chalutage profond. Une pétition en ligne, initiée en 2013 par l’association française de protection des océans Bloom, avait réuni près de 900.000 signatures. Un succès en partie lié à l’engagement de la dessinatrice Pénélope Bagieu, dont la planche de BD dénonçant cette pêche et invitant à signer la pétition avait été largement partagé sur les réseaux sociaux.

Claire Nouvian, fondatrice de Bloom, a salué « un grand succès ». « Sans le soutien de centaines de milliers de citoyens qui ont mis la pression à Intermarché pour que le groupe cesse le chalutage profond, l’UE n’aurait jamais adopté cette interdiction. C’est un succès franc aux conséquences nettes : cela signifie que la déforestation sous-marine qui a lieu aujourd’hui sans aucune contrainte légale jusqu’à 2.000 mètres de profondeur cessera à jamais », a-t-elle souligné dans un communiqué.

Une zone limitée

Malgré cette avancée, les écologistes regrettent que cet accord soit limité aux eaux européennes et aux eaux internationales de l’Atlantique Nord-Est. Pour Yannick Jadot, « cette défaite est le résultat du lobbying acharné au Conseil comme au Parlement européen des lobbys espagnols du chalutage en eaux profondes. Cette restriction géographique permet aux bateaux espagnols d’être de fait exemptés du règlement puisqu’ils pêchent majoritairement hors des eaux de l’UE ». Afin de mieux protéger les espèces, le député européen a plaidé pour une interdiction totale définitive du chalutage ou une extension des zones de pêche où s’applique cette interdiction.



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