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Vers une pénurie de cacao en 2020 ?

Le monde pourrait manquer de cacao, l’ingrédient basique servant à faire le chocolat. Les experts de l’industrie du cacao qui se sont rassemblés il y a quelques semaines à Londres sont assez pessimistes : "Il n’existe aucune solution pour éviter cette pénurie", annoncent-ils !

Sur un marché mondial du cacao en forte croissance, la filière du cacao doit faire face à de nombreux défis. Devrons-nous un jour nous priver, ou tout au moins réduire notre consommation de chocolat ? Allons-nous manquer de cacao en 2020 ? En cause, la consommation excessive que nous faisons du chocolat, issu de la récole du cacao : 6,4 kg par an et par personne en France. Et nous sommes loin des plus gros consommateurs. Pire : à l’heure actuelle, les marchés émergents consomment peu de chocolat, 100g à peine par personne et par an, mais leur potentiel de croissance étant exponentiel, il y a fort à parier qu’ils consomment beaucoup plus de chocolat dans les années à venir. Afin de comprendre ces inquiétudes, il faut savoir que si l’Europe est le premier consommateur, c’est le continent Africain qui fournit deux tiers des 4, 3 millions de tonnes de Cacao produites annuellement dans le monde aujourd’hui. À elle seule, la Côte d’Ivoire représente 40% de la production mondiale de cacao et 70% du chocolat produit en France est réalisé avec du cacao ivoirien. Or, les vergers et les producteurs de ce pays sont vieillissants, ils subissent une forte pression parasitaire, travaillent avec des méthodes archaïques pour de faibles revenus puisque la part des producteurs dans le prix du cacao est estimé à 6%. Tout cela aggravé par la fluctuation excessive des cours du cacao et ses conséquences. "Dans les années 2000, la chute des cours a provoqué un éloignement de la cacaoculture en Côte d’Ivoire au profit de la culture de l’hévéa et des palmiers à huile plus rentables que le cacao", rappelle Jean Marc Anga, Directeur exécutif de l’OIC (Organisation Internationale du Cacao).

La consommation explose

En 2013, quatre millions de tonnes de cacao ont été consommées dans le monde, ce qui correspond à une augmentation de 32 % en dix ans. Cette hausse de la demande a fait grimper les cours : +9% depuis le début de l’année ; +40% en un an. Selon la très sérieuse Organisation internationale du Cacao dans les cinq années à venir, la demande restera supérieure à l’offre. La faute, essentiellement, à la Chine qui s’est prise de passion pour la précieuse fève : la demande devrait y croître de 5% par an jusqu’en 2018, mais pas seulement, car des pays émergents comme le Brésil, et l’Inde tombent aussi sous le charme du chocolat. En outre, plusieurs problèmes se posent  : d’une part, les principaux producteurs de cacao, majoritairement installés en Afrique de l’Ouest, n’ont pas les capacités pour moderniser leurs installations et répondre à cette demande croissante. D’autre part, le réchauffement climatique a un impact direct sur la production de cacao. Ainsi, si la température augmente de deux degrés d’ici 2050, le Ghana et la Côte d’Ivoire, les principaux pays producteurs de caco, n’en produiront plus. La solution serait bien sûr de planter des cacaoyers ailleurs, mais il faut dix ans pour qu’un arbre produise les précieuses calebasses.

"Aujourd’hui le défi est d’accompagner la croissance du chocolat dans le monde et que le produit reste accessible", souligne Patrick Poirier, président du Syndicat du chocolat. Pour Didier Baillet, ingénieur agronome au sein de L’Agence Française de Développement, la solution doit passer par un partenariat du public et du privé avec un soutien direct au gouvernement. Côté privé, 12 chocolatiers ont formé en mai 2014 une coalition la World Coco Fundation, actuellement présidée par le groupe Mars pour développer des projets en coopération avec la Côte d’Ivoire et le Ghana. L’enjeu pour la filière est de créer un environnement favorable où les producteurs peuvent augmenter leurs revenus et vivre décemment des revenus de leur exploitation agricole.

Social et environnement : les deux mots clés

Une première étape serait d’aider les planteurs à obtenir des titres fonciers sécurisés et de réhabiliter les anciennes plantations plutôt que d’accroître les surfaces. Il s’agit ensuite d’innover techniquement et économiquement pour développer l’attractivité de la cacao culture en Côte d’Ivoire face aux autres sources de revenus afin de favoriser la relève par la jeune génération. Aujourd’hui le cacao est très mal domestiqué. Il faut sans doute déplacer les curseur vers un modèle avec des rendements un peu plus élevé comme au Pérou qui valorise bien la qualité avec des petits producteurs et des gros entrepreneurs . Bref, produire mieux pour gagner plus. Tout cela dans le respect des normes et des réglementations en matière de sûreté sanitaire, avec des systèmes de production respectueux du contexte social et environnemental, et une nécessaire information relative à l’origine des produits pour les industriels et les consommateurs, car les entreprises ont besoin de matières premières produites de façon durable, pour éviter à terme…la pénurie, carrément !



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